Qu’est-ce qu’une communauté de pratique?

Il existe plusieurs définitions de ce qu’est une communauté de pratique. Nous retenons ces deux exemples plus théoriques.

« un groupe de personnes qui ont choisi de se regrouper et d’interagir pendant une certaine période pour apprendre les unes des autres en mettant en commun des difficultés, des expériences et de bonnes pratiques dans un domaine particulier de leur pratique professionnelle, et ce, dans le but d’approfondir leurs connaissances et de développer de nouveaux savoirs liés à leur pratique professionnelle ».

Source:  Perspectives SSF (2013, décembre). Le fin mot, Communauté de pratique, Service de soutien à la formation, Université de Sherbrooke.

« Pour être considéré comme une communauté de pratique, un groupe doit avoir trois caractéristiques. La première, c’est le domaine d’intérêt commun. La deuxième, c’est la vie communautaire elle-même, soit les activités et les discussions que partagent les membres.

La troisième, c’est la pratique en tant que telle. Les membres doivent être des praticiens, pas seulement des intéressés ou des spectateurs. Lorsqu’une telle communauté prend forme, elle s’intéresse ensuite naturellement aux questions qui posent problème à ses membres. »

Adaptée de La Rédaction, (2016, 31 mai), La communauté de pratique pour apprendre et innover, Gestion HEC Montréal.

Le concept de communauté de pratique est aussi présenté dans ces deux articles publiés par Fabrice Marcoux, ADN pour la Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec :

• Les communautés de pratique, une avenue à explorer
• Types, caractéristiques et exemples de communautés de pratique

Le Réseau ADN et sa communauté de pratique

Voici comment le concept de communauté de pratique prend vie au sein du Réseau ADN.

Le Réseau ADN a été mis en place par le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC), le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) en 2019. Il s’agit de la Mesure 120 du Plan culturel numérique du Québec – Mettre sur pied et animer un réseau d’agents de développement culturel numérique (ADN). La cohérence au sein du réseau est maintenue par la coordonnatrice de la Mesure 120.

Les ADN ont été déployés dans des organismes d’accueil. Le maillage, la collaboration entre les régions et les secteurs, ainsi que la mutualisation de ressources et d’expertises étaient au cœur du mandat qu’ils devaient réaliser.

Dans la genèse, il n’était pas spécifiquement question de créer une communauté de pratique. Cependant, la mise en réseau des ADN (à travers des outils de communication et des rencontres) a rapidement permis l’émergence de cette communauté de pratique professionnelle québécoise. Une stratégie de mise en chantier a aussi contribué à la création de celle-ci.

Des ADN décrivent leur communauté de pratique comme suit :

« [...] les communautés de pratique constituent des laboratoires intéressants pour expérimenter notre rapport à la culture numérique, car ils sont chacun à leur façon un creuset où s’élabore le « milieu de culture» d’où émerge la société que nous nommons «notre monde »

• Fabrice Marcoux, ADN Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec

« Mon équipe pense que je suis une magicienne, mais en fait je tire des ressources de la CP du Réseau ADN »

• Maryse, ADN Regroupement des artistes en arts visuels

Modèle de gouvernance de la communauté de pratique

Le Réseau est sous la responsabilité d’un comité directeur composé du ministère de la Culture et des Communications (MCC), du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et de la Société des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

Le Réseau n’est pas une organisation, mais un modèle d’intervention basé sur la vision commune identifiée dans la mise en contexte. Sa cohérence est maintenue par la coordonnatrice de la mesure 120 du Plan culturel numérique du Québec (PCNQ).

L’animation de la communauté est confiée à la consultante en stratégie numérique, Annie Chénier. Son mandat est d’accompagner et de faciliter les échanges entre les ADN et d’organiser les rencontres nationales en utilisant différentes stratégies d’animation.

Pendant les trois premières années d’existence du Réseau ADN, l’organisme Québec numérique a agit à titre de partenaire en soutien logistique à la communauté de pratique.

Précision ici que la communauté de pratique est composée uniquement des ADN, alors que la notion de Réseau ADN inclut également les gestionnaires des organismes d’accueil. Ainsi, la communauté de pratique devient un lieu d’échange privilégié où les ADN peuvent échanger sur leurs réalités en toute confidentialité.

Les outils utilisés dans la communauté de pratique

À l’ère du numérique, une communauté de pratique ne peut réellement vivre sans espaces numériques. Le fonctionnement de la communauté de pratique du Réseau ADN repose d’ailleurs sur quelques outils de communication numérique.

• Le principal outil de la communauté de pratique : Slack pour communiquer au quotidien. Différents canaux de communication ont été aménagés pour permettre à des sous-groupes de discuter entre eux.
  Voir le guide des bonnes pratiques Slackez dans les règles de l'art.

• D’autres outils sont aussi utilisés :
  1. Zoom pour communiquer lors des rencontres (surtout depuis la pandémie) : les rencontres nationales, ainsi que toutes les autres rencontres et formations, qui se sont tenues depuis mars 2020 ont eu lieu via Zoom.
     Voir les Consignes d’utilisation du ZOOM du Réseau ADN
  2. Google Drive pour coécrire et collaborer : les ADN disposent d’un dossier nommé Bureau des agents qu’ils peuvent utiliser à leur guise pour les besoins de la communauté de pratique.
     Voir les Consignes d’utilisation du dossier partagé RADN - Bureau des agents ( Google Disque) du Réseau ADN
  3. Google Agenda pour coordonner le calendrier de la communauté de pratique : un calendrier partagé à tous permet d’afficher les événements et activités communes, comme les formations.
     Voir les Consignes d’utilisation de l’Agenda Google du Réseau ADN
  4. Miro/Mural pour cocréer ensemble.
  5. Trello pour créer des boîtes à outils ou faire le suivi des chantiers.
  6. Wiki des ADN pour le transfert de connaissances.
  7. YouTube pour le dépôt de vidéos de formation (non-répertoriées) et des enregistrements d’ateliers, conférences et plénières lors des Rencontres nationales qui se sont tenus en mode virtuel.
  8. SoundCloud pour le dépôt des balados du chantier Marketing numérique (compte gratuit qui ne peut plus recevoir de nouveaux enregistrements).

La vie de la communauté de pratique

Lors de l’annonce du déploiement du Réseau ADN, il n’avait pas spécifiquement été question de la création d’une communauté de pratique. Ainsi, le concept et le fonctionnement d’une communauté de pratique n’avaient pas nécessairement été présenté aux agents lors de leur entrée en poste.

Avec l’accompagnement de la coordination de la Mesure 120 et de l’animatrice, ils ont appris à vivre la dynamique d’une communauté, à y participer et à y contribuer. On dit qu’ils ont appris « en étant dans le faire ».

De même, au départ, les communications étaient centrées sur les agents eux-mêmes, puisqu’ils constituent le coeur du Réseau. Avec le temps, des communications à l’intention des employeurs ont été développées afin qu’ils puissent mieux saisir le mode de fonctionnement et la vie de la communauté de pratique. Force est de constater que le concept de communauté de pratique n’est pas encore bien ancré dans la vision des organisations, même si cela tend à changer.

Également, la « performance » de la communauté de pratique ne repose pas sur la mise en place de projets structurants. Cela a pu en déstabiliser certains plus habitués aux critères de performance  (nombre de réalisations, taille des projets développés, etc.). C’est la dynamique créée au sein du Réseau lui-même qui prime. Les projets doivent d’abord être rassembleurs et faciliter l’appropriation du numérique.

L’évaluation de la communauté de pratique

Un modèle théorique d’évaluation d’une communauté de pratique développé par Wender (1998) établit trois dimensions :

• Un engagement mutuel des membres à faire preuve de confiance, d’ouverture afin de s’entraider;
• une entreprise commune qui se crée au fil du temps en prenant conscience des préoccupations qui les rapprochent;
• la production d’un répertoire commun de ressources d’outils, de procédures permettant aux membres de communiquer, de trouver des solutions ou des exemples à suivre.

Toutes ces trois dimensions se retrouvent dans la communauté de pratique des ADN.

Engagement mutuel

• Des stratégies d’animation employées qui ont conduit à cet engagement.
• Une implication de tous les membres qui va plus loin qu’une simple intervention.
• Une capacité d’échanger, de recevoir des améliorations voire des critiques dans un contexte de groupe

Entreprise commune

• Tous comprennent les avantages de la mutualisation des efforts et la font dont la communauté peut les soutenir dans les défis qu’ils rencontrent.
• La somme des connaissances individuelles et des connaissances de la communauté favorise l’appropriation numérique au sein des organismes.

Répertoire commun

• La mise en place d’outils de communication.
• La production et le partage de documents communs.

Référence : Guide d’accueil d’un ADN