Engagement des publics minoritaires/Genèse du chantier

De Wiki des ADN
Aller à la navigation Aller à la recherche


Banniere publics minoritaires.jpg



Historique du chantier

Le chantier a d’abord été initié au mois de décembre 2019 par les ADN de la SODEC (musique) et de Diversité Artistique Montréal (DAM). L'ADN de Culture Montréal s'est jointe au groupe peu de temps après. L'intérêt initial du chantier se trouvait dans l’impact économique qu'engendre le manque de diversité de l’offre culturelle. Cette offre homogène limite les institutions culturelles dans leurs accès aux publics, puisqu'elle ne s'adresse qu'aux membres du groupe majoritaire, ignorant ainsi une part de marché importante. En somme, les programmations qui se restreignent à mettre de l'avant qu'un seul groupe de la population, laissent en marge les artistes en situation de handicaps, les diversités ethnoculturelles, etc, et se privent de développer les publics qui pourraient potentiellement les suivre.


Le premier axe d'intervention des ADN du chantier était de former des artistes issus de l'immigration et de l'autochtonie à rehausser leur présence numérique afin de devenir plus repérables et attrayants aux yeux des programmateurs du Québec. Ces formations voulaient se faire sur les secteurs de la musique et du cinéma, en collaboration avec Diversité Artistique Montréal et Wapikoni Mobile et couvraient des thématiques numériques tels que le contexte professionnel des secteurs, les métadonnées, les tendances en promotion, les notions de base pour un bon référencement, etc.


Les réflexions qui ont entouré la création du chantier se sont appuyées sur des études du Los Angeles County Arts Commission (2016)[1], de l’INRS (2012)[2], de la Délégation sur la diversité culturelle dans les arts de la Ville de Montréal (2005)[3], et des données du Plan d’action 2012-2015 pour la diversité culturelle dans les arts du Conseil des arts de Montréal[4].

Mise en contexte secteur musique

L’analyse sur le secteur de la musique a été effectuée par une ADN ayant œuvré dans l’industrie au Québec pendant plus de 15 ans. Historiquement et même en 2021, cette industrie souffre de plusieurs inégalités, dont le racisme et le sexisme, encore grandement dominée par des hommes du groupe majoritaire. On pense notamment à la vague #MeToo qui a bouleversé l’industrie en 2020, et au racisme que subissent les musiques noires, notamment avec le boycott du hip hop par les salles de spectacles en 2012, avant que ce style fut popularisé (approprié) par des hommes du groupe majoritaire, tels que Koriass et Loud. Pour ce qui est des autres groupes minoritaires, telles que les personnes en situation de handicaps et les aînés, ils sont typiquement laissés de côté dans les discours populaires.

Après les mouvements populaires des dernières années, la présence des femmes se fait de plus en plus ressentir devant et derrière la scène, et les enjeux des diversités ethnoculturelles et de l'autochtonie sont de plus en plus discutés, mais ces chantiers laissent encore à désirer. Bien qu'une volonté du changement vers une industrie plus équitable, diversifiée et inclusive est indéniablement palpable, il faudra néanmoins attendre un certain temps avant qu'un vrai virage de pratiques soit implémenté au sens large par des pratiques sur le long terme qui « naturaliseront » de nouvelles façons.

Mise en contexte secteur du théâtre

L’intérêt du Conseil québécois du théâtre (CQT) pour les publics minoritaires s’inscrit en continuité avec les actions déjà menées depuis 2014 sur la fréquentation et la diffusion du spectacle.

En effet, le CQT est l’un des membres fondateurs du Groupe de travail sur la fréquentation des arts de la scène (GTFAS). Né en 2014 dans les suites du colloque RIDEAU sur la diffusion des arts de la scène, Agir ensemble pour accroître la fréquentation, le GTFAS est une table de discussions, de réflexion, de veille et de planification d’actions portant sur la fréquentation et la diffusion des arts de la scène.

Lorsque Raffaela Siniscalchi est arrivée au poste d’ADN au CQT, le chantier Engagement des publics minoritaires a suscité un vif intérêt en elle. Tenant compte de la trajectoire déjà empruntée par le CQT, elle a tout de suite vu plusieurs opportunités se dessiner :

  1. Porter à l’attention du CQT quelques-uns des principaux enjeux d’inclusion concernant l’accès au théâtre de certains groupes marginalisés au Québec.
  2. Faire du chantier un moteur pour la production de connaissances spécifiques concernant les publics minoritaires en théâtre, c’est-à-dire les publics issus des groupes marginalisés.
  3. Augmenter le niveau de littératie numérique : alors qu'avant le numérique était considéré « en silo », il devient de plus en plus transversal à toutes les activités de la chaîne de valeur du théâtre, touchant autant à la création que la production, la diffusion et le développement des publics, la promotion et la gestion.


Le CQT a donc accueilli très positivement cette implication et a décidé d’encourager la démarche en investissant davantage :

  • Caroline Gignac, responsable de la stratégie politique et de la recherche, a assuré la co-gestion des projets de recherche en collaboration avec l’ADN.
  • Pour accélérer la production d’informations sur les publics minoritaires en théâtre, un budget de recherche pour s’adjoindre les services d’une firme externe a été réservé.


Voici donc le plan de recherche mis en place :

Volet quantitatif

Au printemps 2021, le GTFAS a publié l’Étude des publics des arts de la scène au Québec, la plus importante recherche jamais produite sur le sujet au Québec, qui a été réalisée par la firme Daigle/Saire. Elle offre un portrait détaillé́ de la fréquentation des arts de la scène avant la pandémie, soit de mars 2018 à février 2019. Le CQT a donc mandaté la firme Daigle/Saire pour reprendre certaines des données employées pour la réalisation de l’étude et dresser un portrait des publics plus spécifique au théâtre (et non pas étendu à l’ensemble des disciplines des arts de la scène), sélectionnant un échantillon qui incluait exclusivement les personnes nées à l’extérieur du Canada, celles dont au moins l’un des parents était né à l’extérieur du Canada et celles s’identifiant comme étant des minorités visibles. Le but était de :

  • Comprendre quelles sont les personnes issues des groupes minoritaires et/ou marginalisés qui assistent aux spectacles de théâtre malgré l’existence des barrières systémiques et quelles sont les personnes plus susceptibles d’en rester exclues.
  • Identifier certains des possibles obstacles qui freinent la fréquentation des salles chez les personnes issues de l’immigration ou s’identifiant comme étant des minorités visibles ou ethniques.

Suite à la période de recherche, un webinaire a été offert en ligne par le CQT et un enregistrement est disponible sur le canal YouTube du CQT.

Un article de synthèse vulgarisé sera aussi bientôt disponible en ligne, sur le site du CQT.

Volet qualitatif

Parallèlement au volet quantitatif, un court sondage fut acheminé à l’ensemble des Conseils régionaux de la culture (15) afin de connaître les actions déployées ou envisagées en réponse à certains enjeux d’équité, diversité et inclusion (ÉDI).

L’ensemble des organismes ciblés ont généreusement participé à l’exercice. Cette étape de travail a notamment permis de considérer ceux qui intégraient déjà à l’intérieur de leur mandat des stratégies en regard de certaines perspectives ÉDI.

De ce fait, à partir des informations recueillies au sein du court sondage huit organismes furent conviés à des entrevues semi-dirigées. Ces dernières se sont déroulées en visioconférence au cours de l’été 2021.

L’objectif de ces rencontres visait, entre autres, à offrir au projet de recherche une perspective territoriale qui fut peu abordée dans l’étude quantitative compte tenu que le bassin de données se situait principalement dans la RMR de Montréal. Sous cet angle, l’approche qualitative permettait notamment de fournir des pistes de réflexion quant aux types de publics minoritaires visés, aux secteurs où s’adressaient les actions, aux enjeux spécifiques, mais aussi aux solutions déployées.

Somme toute, ces échanges ont rendu possible un survol plus général sur l’état d’avancement des réflexions et des actions en matière ÉDI. À la suite de ces huit séances, les propos furent analysés au sein d’une matrice qui mettait à la fois en relief, mais aussi en valeur, la pluralité de ces enjeux à l’intérieur du territoire québécois. Il en ressort divers besoins spécifiques et perspectives d’actions qui dénotent la pluralité des instances auxquelles les adresser.


Selon moi, avec le numérique, on a une grande opportunité devant nous. La transformation numérique engendre une transformation sociale et c’est un devoir de se questionner sur comment le numérique peut contribuer à une plus grande accessibilité aux arts et à la culture; sur comment faire face à la fracture numérique dans notre société; ou encore sur comment garantir la représentativité des groupes invisibilisés dans l’espace web. – Raffaela Siniscalchi (ADN, Conseil québécois du théâtre)


Les enquêtes sur les pratiques culturelles sont absolument nécessaires pour le secteur théâtral. Non seulement elles permettent de mieux comprendre les comportements des divers publics, mais elles offrent aussi la possibilité de fournir des indices quant à l’absence de certaines tranches de la population. Le portrait sociodémographique ainsi que les facteurs défavorables à la participation nous guident quant aux transformations à envisager. – Caroline Gignac (Responsable de la recherche et de la stratégie politique, Conseil québécois du théâtre)


Mise en contexte secteur audiovisuel

Mise en contexte secteur du patrimoine

Mise en contexte secteur du livre