Que retire-t-on après 3 ans de pratique ADN?
Ce panel de discussion offre un regard sur les apprentissages du point de vue de l’ADN, du gestionnaire et d’un membre d’une équipe de travail. Il a été présenté dans le cadre de la 8e Rencontre nationale du Réseau ADN en mars 2022.
Animation :
- Annie Chénier, animatrice de la communauté de pratique
Intervenants :
- Christine Bouchard, directrice générale pour En Piste, regroupement national des arts du cirque
- Gabrielle Desbiens, directrice générale pour Culture Saguenay-Lac-Saint-Jean
- Claudia Marcoux, ADN International (cinéma, télévision et édition du livre) - SODEC
- Raffaella Siniscalchi, ADN au Conseil québécois du théâtre (CQT)
- Anne-Sophie Lachance, coordonnatrice aux communications de la Fédération des télévisions autonomes du Québec
Résumé de la discussion en images[modifier | modifier le wikicode]
Vous pouvez visionner le « making of » du croquis-note.
Compte-rendu de la discussion[modifier | modifier le wikicode]
Il s’agissait de la première fois où des ADN, des gestionnaires et une membre d’équipe de travail avaient l’occasion de partager la même tribune afin de s’exprimer sur le rôle de l’ADN. D’ailleurs, au fil de la discussion, une question a surgit : ne sommes-nous pas tous un peu des ADN, soit des agents visant le changement, la transformation numérique et la culture de l’innovation dans nos milieux, peu importe que l’on porte le titre officiellement ou non. D’ailleurs, le rôle de l’ADN ne devrait-il pas justement être réparti entre plusieurs personnes dans une organisation?
L’ADN en une phrase[modifier | modifier le wikicode]
Avant de se lancer directement dans la discussion, l’animatrice a demandé aux panélistes de décrire l’ADN en une phrase.
« L’ADN est un ambassadeur du numérique et un facilitateur, il est en situation d’apprentissage, transfère des connaissances et donne des conseils. » - Claudia
« L’ADN est un agent qui accompagne et guide les acteurs du milieu culturel dans leur littératie, maturité et transformation numérique. » - Gabrielle
« Le développement numérique n’est plus le fait d'une seule personne. L’ADN devient une ressource clé dans la gestion du changement, une personne pivot dans l’équipe. » - Christine
« L’ADN est une ressource d’aide dans son milieu, pour les membres de son organisation et pour son équipe. » - Anne-Sophie
« L’ADN est un urbaniste numérique, qui construit de nouveau quartier et réaménage les autres quartiers. » - Raffaella
Le rôle de l’ADN en 2022[modifier | modifier le wikicode]
Trois ans après la création du Réseau ADN, il apparaît que l’ADN est devenu une ressource essentielle dans les organisations. « C’est comme si elle était là depuis toujours », a dit Gabrielle. D’ailleurs, pour Anne-Sophie qui est arrivée en poste alors que l’ADN était déjà en fonction dans son organisation, il est difficile d’imaginer qu’il ne soit pas là. « Comme coordonnatrice aux communications, nos rôles sont étroitement liés. Nous travaillons ensemble au quotidien, sur des projets communs et sur le développement de langage commun autour du numérique pour nos membres. »
Claudia a renchérit en indiquant que les interactions qu’elle a avec les membres de son équipe jouent un rôle important dans son milieu. « Répondre et soutenir, démystifier, diriger vers des ressources… on infuse le numérique à travers la collaboration et la consultation. »
Selon Raffaela, le numérique est quelque chose qui peut donner le vertige, il est difficile de se l’approprier pour certaines personnes. Alors que le numérique devient une fonction transversale qui concerne l’ensemble des postes dans une organisation, l’ADN a un rôle tout aussi transversal d’être présent pour ses collègues (refonte de système informatique, stratégie marketing, etc.). « Comme le numérique, le rôle de l’ADN est vertigineux. Il peut devenir lourd à porter pour une seule personne, il doit pouvoir s’appuyer sur une équipe qui détient des clés de compréhension similaires. N’épuisons pas nos ADN! »
À ce sujet, Gabrielle a tenu à rappeler qu’au-delà du numérique, il est d’abord question d’humain. Les organisations sont composées de personnes qui doivent soutenir d’autres personnes. « Le rôle de chacun se façonne en fonction de la personne qu’elle est et de la culture organisationnelle de son milieu. Il s’agit donc de trouver sa place dans son organisation pour créer une dynamique transversale et ainsi devenir un leader. »
Elle a mentionné que le Réseau ADN, le fait que les agents soient en relation les uns avec les autres, avait certainement été porteur pour aider les ADN à coconstruire leur identité et mieux se définir dans leur travail.
Et qu’en est-il des attentes envers les ADN? « Pour moi, la description du poste d’ADN à l’origine, c’est presque l’équivalent d’un département complet! », s’est exclamée Christine. C’est pourquoi elle dit comprendre la pression que les ADN ressentent parfois sur leurs épaules. Intelligence artificielle, médiation numérique, soutien et marketing de l’exportation, découvrabilité, les chantiers sont nombreux pour les organisations. « On est devant le Mont Everest! Comme tout bon randonneur, nous devons avancer un pas à la fois. Déjà d’avoir la capacité de faire des pas, c’est d’embrasser une mission essentielle à notre développement. »
Elle affirme aussi que les organisations devront mieux structurer leurs plans d’action afin que l’ensemble des équipes se sentent concernés et soient engagés dans la transition numérique. « Le numérique est partie prenante du fonctionnement de nos organisations désormais. »
Organisation ou secteur?[modifier | modifier le wikicode]
L’ADN devrait-il être plutôt dédié à la transformation de son organisation ou de son secteur? « Les deux vont continuer en parallèle. L’un nourrit l’autre. On ne peut pas amener les secteurs à se transformer si l’organisme ne le fait pas lui-même. » Raffaella a présenté le processus de consultation autour du numérique qui est en cours au sein du Conseil québécois du théâtre et qui devrait donner lieu à la publication d’un plan d’action à l’automne 2022.
Si les organisations devraient être en action sur plusieurs fronts en lien avec le numérique, elle s’est fait rassurante. « La COVID a mêlé les cartes du jeu. Le CQT a dû se reconstruire complètement, l’équipe a été renouvelée à 100 %. Il est normal que les organisations soient en train de revoir leur planification stratégique. C’est un moment pour se positionner, même si cela crée de la pression sur les équipes. »
« La transformation numérique est partout. Les actions et les tâches numériques qui peuvent faire partie des plans d’actions des organisations sont nombreuses. Comme ADN, nous devons faire rayonner les ressources qui existent », a précisé Claudia.
Cela a amené des réactions dans le clavardage alors que certains ont souligné que la transformation doit pouvoir se faire au rythme où les gens sont prêts à la vivre. Il faut aussi savoir avancer plus lentement à certains moments pour respecter les véritables besoins des milieux. « Faire un pas de recul à l’occasion peut être nécessaire », a rappelé l’animatrice.
Ce que Gabrielle a appuyé dans son commentaire : « Le processus ADN est itératif. Il se construit encore et continuera de l’être. On avance, on recule, on ralentit. Il faut être capable de se parler pour s’adapter. Dans nos milieux, on a le défi de réconcilier les personnes qui ne sont pas au même niveau avec le numérique ».
« Effectivement, on ne peut pas tous être en même temps au même niveau. On a tous des couleurs un peu différentes. Les modèles et les idées qui émergent dans un réseau doivent pouvoir être flexibles, agiles et s’adapter en continue. Malgré les plans d’actions qu’on développe, il faut rester souple. C’est ce que mon expérience m’a appris », a témoigné Christine.
La communauté de pratique change-t-elle les pratiques?[modifier | modifier le wikicode]
Les ADN participantes à la discussion se sont montrées positives face aux retombées de la communauté dans leurs pratiques. L’accès a une multitude de personnes aux expertises diverses et provenant de secteurs et territoires différents est facilitée. Les projets multi-sectoriels peuvent plus facilement émerger et se concrétiser par la suite.
« À travers la communauté de pratique, j’ai un accès à des personnes et organisations que je n’aurai pas autrement. J’ai accès aux différents territoires dans la province », a mentionné Raffaella. Elle a donné l’exemple de la démarche sur l’inclusion des publics minoritaires dans son organisation. Elle a pu consulter certains conseils régionaux de la culture dans le cadre de la démarche. Elle a aussi ramené les discussions et constats au sein du Chantier Engagement des publics minoritaires auquel elle participe dans la communauté de pratique. « Ce sont des points de vue extrêmement précieux, pour moi. Le lien entre les secteurs et les territoires est important. »
Pour Claudia, « on s’engage dans la communauté de pratique. Chacun peut s’engager à sa façon et aller y tirer quelque chose pour lui. La communauté est une base d’échange, de référence et de validation, elle est une source d’inspiration et un accélérant ». Elle voit d’un bon oeil l’arrivée du Wiki qui permettra d’ouvrir la communauté sur le milieu.
La pensée ADN[modifier | modifier le wikicode]
C’est à ce moment que la question se pose : ne sommes-nous pas tous un peu des ADN?
Anne-Sophie a tenu à rappeler que la démarche de transformation numérique des organisations ne date pas de l’arrivée des ADN et qu’elle était bien en marche avant. « Dans ce sens, oui, je suis aussi ADN. On avance dans la même direction, il n’y a pas de retour en arrière, nous devons tous nous adapter au numérique. On n’a pas le choix. Le travail s’était entamé avant et se poursuivra longtemps. » Selon elle, toute personne qui vit en contexte numérique doit développer un esprit ADN.
De son côté, Gabrielle a plutôt insisté sur les valeurs associées au poste : l’adaptation, l’écoute, la transmission, la capacité de se projeter dans l’avenir avec une vision. Chacun devrait avoir ses valeurs. « La pensée numérique n’est pas une pensée technologique. Il faut choisir de mettre l’humain au cœur par la collaboration, miser sur la transmission et vouloir léguer quelque chose à son milieu. »
Même son de cloche du côté de Christine qui ne se considère pas comme une ADN, mais qui adhère aux valeurs vécues au sein du Réseau. Comme gestionnaire, elle se perçoit plutôt comme une cheffe d’orchestre. « Lorsque de nouveaux enjeux, de nouvelles pratiques émergent, j’ai l'obligation que mon organisation suive la parade. La préoccupation à l'égard du numérique, ça fait plusieurs années qu’on l’a. La présence du Réseau et la façon dont le Réseau se bâti ont permis de rattraper quelque chose, même s'il reste encore beaucoup à faire. Alors, oui, j’y adhère à ses valeurs et j’ai même l’obligation de me sentir concernée par la transformation numérique. »
Elle a conclu par ces mots : « Le Réseau me guide dans l’évolution de la suite. Le Réseau me permet d'être une meilleure gestionnaire ».
En fin de discussion, Maryse Beaulieu, directrice du RAAV, a souligné le fait que l’esprit ADN devrait pouvoir être diffusé à l’intérieur de toutes les organisations. Elle souhaite une vision englobante pour rejoindre le plus grand nombre de personnes possibles.